Une étude commandée par Chaos via Architizer a interrogé 1 227 concepteurs mondiaux pour comprendre l’état actuel et futur de l’IA dans la conception architecturale.
Il a été demandé aux personnes interrogées si et comment elles utilisent l’IA pour la conception, les défis auxquels elles sont confrontées avec les outils d’IA d’aujourd’hui, quel type de réglementation est nécessaire pour l’avenir et comment, selon elles, l’IA affectera leur profession.
La plupart des participants travaillent dans une entreprise de 20 employés ou moins, pratiquant l’architecture, le design d’intérieur, la planification générale ou l’aménagement paysager. Les États-Unis étaient le pays le plus représenté (35 %), avec une majorité de répondants répartis dans 50 pays différents.
Voici quelques points clés tirés de cette étude :
L’utilisation actuelle de l’IA en architecture
L’enquête révèle que l’IA fait de plus en plus partie des flux de travail des architectes, principalement par le biais de l’expérimentation et de l’auto-apprentissage, étant donné l’absence de formations ou certifications sur le sujet.
60% des utilisateurs n’ont reçu aucune formation formelle, ce qui illustre une adoption largement expérimentale et autonome.
À titre personnel, je me retrouve tout à fait dans cette catégorie.
C’est réel, il existe un besoin notable de ressources éducatives et de formation dans ce domaine.
Bien qu’étant une technologie relativement nouvelle, on note une nette adoption de l’intelligence artificielle auprès des architectes.
Parmi les sondés, environ 46% utilisent actuellement des outils ou fonctionnalités IA dans leurs projets architecturaux, et 23% prévoient de les utiliser très prochainement.
Notons que les applications les plus courantes de l’IA concernent la génération d’images à partir de textes et l’édition d’images, bien que des utilisations innovantes soient également signalées dans d’autres phases des projets.
Sur ce point, je me retrouve également. Ma principale utilisation de l’IA en architecture, c’est par le biais de la génération d’images par des outils comme Midjourney, lors de la phase de pré-conception et de la recherche d’idées.
J’utilise également l’IA générative d’Adobe Photoshop (generative fill) pour retoucher mes rendus.
Pour ce qui est du reste des tâches, approximativement 20% des sondés utilisent l’IA pour des tâches spécialisées comme la génération de plans, les études de faisabilité, et les analyses réglementaires et énergétiques.
Son utilisation semble se concentrer sur des cas d’usage spécifiques qui rationalisent ces tâches techniques.
Pour ceux qui utilisent des outils d’IA, les avantages sont évidents : amélioration de l’efficacité, de la créativité et de nouveaux flux de travail créatifs débloqués.
Mais un peu plus d’un tiers ont cité les problèmes d’intégration avec les logiciels existants, le manque de temps pour tester et mettre en œuvre, et le manque de ressources de formation adaptées comme défis rencontrés lors de l’adoption des outils d’IA pour les projets architecturaux.
Perceptions et attentes de l’Intelligence Artificielle en architecture
Il ressort de cette étude que les opinions sur l’IA dans l’architecture sont plutôt polarisées.
67% des participants se disent satisfaits de l‘apport de l’intelligence artificielle pour les premières phases de conception, mais cette satisfaction diminue pour les phases ultérieures du développement du design.
Cela soulève une réalité bien réelle : l’impact de l’intelligence artificielle en architecture s’arrête principalement à la phase de pré-conception et de recherches d’idées.
Les outils d’intelligence artificielle sont très limités au-delà de cette phase. La demande est claire : des outils d’intelligence artificielle poussés aidant dans d’autres étapes du projet, génération de plans, études de faisabilité, analyse énergétique…
Concernant le domaine de la visualisation architecture (rendus d’architecture), il existe une attente pour plus de contrôle sur les images produites et pour des améliorations permettant une meilleure conversion des images 2D en scènes 3D, ainsi que pour la création de matériaux à partir de textes.
Ces avancées pourraient potentiellement transformer les tâches techniques et spécialisées au sein de l’architecture.
Futur de l’IA en architecture ET RISQUES POUR LE MÉTIER
Bien que polarisées, la majorité des opinions reconnaissent la valeur potentielle de l’IA et sont globalement optimistes quant à l’influence de l’IA sur la conception architecturale dans les prochains mois.
78% prévoient une influence modérée à forte dans les 12 prochains mois. A noter que les utilisateurs actuels de l’IA dans le domaine sont deux fois plus susceptibles que les non-utilisateurs de prévoir une forte influence.
34% des utilisateurs estiment que l’IA a fortement accéléré leur processus de conception, contre 53% pour une accélération marginale. Ce contraste est lié à la discipline, les ingénieurs constatant plus souvent une forte accélération.
74% des répondants prévoient d’augmenter leur utilisation de l’IA d’ici un an. 86% pensent qu’elle jouera un rôle significatif dans l’architecture à l’avenir.
Néanmoins, les avis sont partagés sur les risques pour l’emploi et la nécessité de réglementer son utilisation.
52% s’inquiètent des risques de l’IA pour l’emploi dans le secteur, une majorité des très inquiets ou pas du tout inquiets utilisant déjà l’IA.
70% sont à l’aise avec l’idée d’incorporer des suggestions de conception générées par l’IA dans leurs projets, les petites et grandes entreprises semblant plus ouvertes que les entreprises moyennes.
L’IA, L’ARCHITECTURE ET L’ETHIQUE
Qu’ils utilisent ou non l’IA, une grande majorité des personnes interrogées (74 %) conviennent que des lignes directrices éthiques devraient être établies pour son application en architecture.
Ces lignes directrices pourraient inclure la protection de la propriété intellectuelle, les procédures d’assurance qualité et la divulgation de l’utilisation de l’IA.
CONCLUSION
L’IA est bien positionnée pour devenir un élément fondamental de la pratique architecturale, malgré les défis existants et les opinions divisées sur son utilité et son impact futur.
La vitesse à laquelle l’IA est adoptée et les attentes quant à son évolution témoignent de son potentiel considérable pour révolutionner le domaine de l’architecture, à condition que les outils soient développés et réglementés de manière à maximiser leur efficacité et leur équité.
Source de l’étude : The state of AI in architecture: new insights from 1,200+ architects | Chaos